top of page

Tomorrow never dies >  The score

 

Soucieux de renouveler une saga qui semble inépuisable, les producteurs hollywoodiens nous proposent avec « Tomorrow Never Dies » (Demain ne meurt jamais) un James Bond nouvelle génération. C'est ainsi que Pierce Brosnan reprend son rôle du film « Goldeneye » sorti en 1995 pour cette nouvelle aventure de l'agent 007, confié au spécialiste du film d'action Roger Spottiswoode. Cette fois-ci, Bond est confronté à Elliot Carver (excellent Jonathan Pryce), un magnat de la presse mondiale à la tête du prestigieux journal « Tomorrow », qui s'est mis en tête de déclencher un conflit nucléaire entre l'Angleterre et la Chine. L'agent 007 sera secondé cette fois-ci par Wai Lin (Michelle Yeoh), une employée des services de renseignements chinois. « Tomorrow Never Dies » reste dans la lignée de « Goldeneye », à ceci près que la saga semble malheureusement s'épuiser avec ce nouvel opus moins inspiré, desservi par un script faiblard, linéaire et plat.

 

Pierce Brosnan reste égal à lui-même dans le rôle de James Bond, face à un Jonathan Pryce bien plus inspiré dans le rôle du machiavélique Elliot Carver, une satire des grands magnats de la presse du 20ème siècle. Le film nous propose aussi deux nouvelles James Bond girls de charme, avec Teri Hatcher d'un côté et Michelle Yeoh de l'autre, cette dernière apportant un peu de son charme asiatique au long-métrage de Roger Spottiswoode. Malgré quelques scènes d'action de qualité (le torpillage du Devonshire, la poursuite en voiture dans le parking, la confrontation finale sur le navire furtif de Carver, etc.), « Tomorrow Never Dies » sombre bien trop souvent dans le caricatural et s'essouffle au fur et à mesure que l'action progresse : à force d'accentuer les artifices et les clichés en tout genre, « Tomorrow Never Dies » finit par ennuyer plus qu'il ne divertit, la faute à un script somme toute très paresseux et à un manque d'idée certain : un épisode faiblard, en somme !

 

Après la partition très critiquée d'Eric Serra pour « Goldeneye », les producteurs de « Tomorrow Never Dies » souhaitaient ainsi revenir aux sources de la musique des James Bond en confiant la partition du long-métrage de Roger Spottiswoode à un compositeur qui serait capable de redonner une nouvelle jeunesse à cette musique sans pour autant trahir l'esprit d'origine des scores de John Barry. C'est dans cette optique que David Arnold a été choisi sur « Tomorrow Never Dies », le jeune musicien britannique étant plus particulièrement connu pour ses grandes partitions symphoniques des films de Roland Emmerich, « Stargate », « Independence Day » ou bien encore « Godzilla ». Avec « Tomorrow Never Dies », David Arnold réaffirme à nouveau son goût pour une certaine démesure orchestrale et son attrait pour des débordements d'action effrénés et percussifs, et ce même si l'on est loin ici des travaux du compositeur sur les productions Emmerich.

 

Evidemment, David Arnold réutilise pour commencer le célébrissime thème principal de James Bond écrit par Monty Norman. Comme le fit de façon plus anecdotique Eric Serra sur le film « Goldeneye », David Arnold réutilise ce thème et l'incorpore tout au long de sa partition symphonique, n'hésitant pas à le doubler par quelques rythmiques/loops électro/techno plus percussives, accentuant le caractère moderne de cette nouvelle partition musicale de l'agent 007, et ce bien que le score reste essentiellement symphonique. Le prologue du film (« White Knight ») débute de manière percutante et frénétique : James Bond doit accomplir sa première mission dans une base militaire russe et sa tâche est d'autant plus périlleuse qu'un missile téléguidé fonce à toute vitesse sur la base. David Arnold développe rapidement une atmosphère d'action survoltée et élabore une longue montée de tension sur plus de 8 minutes au fur et à mesure que le missile se rapproche de la base russe - à noter que le compositeur en profite aussi pour citer un passage de la partition de John Barry pour le film « From Russia With Love ».

David Arnold introduit ainsi son score pour « Tomorrow Never Dies » avec des orchestrations plutôt riches et musclées (assurées par l'orchestrateur Nicholas Dodd, inséparable complice de David Arnold) et des premières allusions plutôt énergiques et déterminées au « James Bond's Theme », une très bonne entrée en matière.

La musique fait la part belle à de grandes sections symphoniques (percussions diverses, vents, cordes et cuivres en avant) qui renforcent l'impact de la musique sur les images. Niveau thématique, on reconnaîtra donc le thème de James Bond mais aussi un nouveau thème plus lyrique et passionné pour Paris (Teri Hatcher), la femme de Carver, qui redécouvre sa passion pour James Bond des années après avoir vécus ensemble. Il s'agit ici de l'une des rares touches d'émotion du film. Il est d'ailleurs fort dommage que le thème ne revienne plus tellement par la suite dans le film - Paris est assassinée, le thème n'a plus vraiment de raison de réapparaître. A noter cependant que David Arnold nous offre aussi un thème pour Wai Lin, le personnage de Michelle Yeoh, thème plus intimiste et asiatique qui apparaît dans une très belle version pour guitare et piano dans « Bike Shop Fight » ou « Kowloon Bay ».

La partie du film se déroulant au Viêt-Nam est illustrée de son côté par un ensemble de sonorités asiatiques à base de percussions/instruments ethniques qui permettent un peu d'aérer la partition d'Arnold, et d'offrir un peu de relief au sein de sa masse orchestrale plutôt explosive et agitée (l'action reste quasi non-stop ici). Les moments de bravoure ne manquent pas : la course poursuite en moto avec l'hélicoptère dans les rues au Viêt-Nam (« Bike Chase » et ses nombreuses percussions riches et variées), la course poursuite dans le garage en voitures (« Back Seat Driver »), le combat final dans le bateau de Carver (« All in a Day's Work » et son envolée thématique solennelle et émouvante), et même une brève utilisation d'un choeur dans la lignée de « Stargate » à la fin de « The Sinking of the Devonshire », etc. Autant de grands déchaînements d'action surpuissants qui rappelleront par moment ceux de « Independence Day » ou de « Godzilla », et plus particulièrement dans l'utilisation du pupitre des percussions et des cuivres, qui apportent un tonus tout particulier à la musique dans le film - et ce même si l'on déplorera la surabondance de musique dans le film : 20 minutes en moins auraient été nécessaires.

La partie électronique plus moderne fait son apparition au sein de quelques morceaux (dont le superbe « Back Seat Driver »), et ce même si les synthétiseurs occupent ici une place moins importante que dans le travail d'Eric Serra sur le très critiqué « Goldeneye ». « Tomorrow Never Dies » reste donc une excellente partition symphonique massive et survoltée, dominée par de superbes reprises du thème principal de Monty Norman. A l'inverse d'un Eric Serra qui tenta en vain de moderniser cette mélodie immortelle du cinéma des années 60 en en faisant un thème plus moderne des années 90, David Arnold reste ici plus soucieux de conserver l'esthétique musicale d'origine du dit thème et des ses influences jazzy, avec notamment son fameux riff de guitare si représentatif et ses cuivres jazzy, un choix imposé dès le début du film dans l'intense « White Knight ». Ainsi donc, la musique de « Tomorrow Never Dies » reste essentiellement rythmique et percussive, maintenant un tempo d'action constant tout au long du film.

 

Les orchestrations sont solides et la musique témoigne d'un savoir-faire évident de la part d'un jeune compositeur toujours aussi inspiré, qui semble bel et bien être le compositeur idéal de la saga James Bond ! On regrettera simplement l'aspect un peu trop monotone et répétitif de la musique d'Arnold, qui aurait peut être gagné en intérêt avec une thématique plus riche et intéressante : à part le James Bond's Theme de Monty Norman et le Love Theme mélancolique pour Paris (utilisé peu de fois dans le film), la thématique du score de David Arnold reste assez plate et sans grande inspiration.

Fort heureusement, l'ensemble reste assez riche et percutant, en adéquation parfaite avec les nouvelles aventures de l'agent 007. Signalons pour finir la sempiternelle chanson d'ouverture du film pour le générique de début, écrite et interprétée par Sheryl Crow, une chanson plate et sans grand relief qui ne laissera pas un grand souvenir. Signalons qu'à l'origine, la chanson du film devait être confiée à K.D. Lang avant d'être rejetée par la production, qui souhaitait ainsi un nom plus connu au générique : erreur regrettable, car la chanson de Sheryl Crow est assez pauvre, tandis que l'ancienne version de K.D. Lang était beaucoup plus en adéquation avec le travail de David Arnold. Saluons au passage la réédition du score de David Arnold par le label Chapter III Records dans une version « Composer's Cuts », incluant certains morceaux-clé - et notamment toute la longue confrontation finale sur le navire furtif d'Elliott Carver qui étaient malheureusement absents de la précédente et très critiquée édition publiée par A&M Records  rappelons que l'ancien album avait été publié au moment même où la musique était encore en phase de mixage au studio, ceci expliquant pourquoi le score était présenté dans le désordre et dans une version curieusement tronquée sur CD (un problème qui était déjà survenu avec « The Mummy Returns » d'Alan Silvestri ou bien encore « Die Hard With a Vengeance » de Michael Kamen).

 

L'album de Chapter III Records n'est certes pas complet (il manque encore plusieurs morceaux importants du score), mais il permet néanmoins d'avoir une écoute plus globale et appréciable du travail effectué par David Arnold sur « Tomorrow Never Dies ». Et en guise de bonus, l'album nous propose pour finir une longue interview de David Arnold qui commente sa musique sur le film de Roger Spottiswoode. En conclusion, si vous avez été déçu par le score d'Eric Serra pour « Goldeneye », et si vous commenciez à douter de la qualité musicale de la franchise James Bond, attendez d'écouter le nouvel opus musical de David Arnold sur « Tomorrow Never Dies » : succès garanti, pour ce nouveau score incontournable de la saga 007 !

 

Analyse du Score > Quentin Billard

 

 

Track Listing 

 

1-White Knight 8.29 *

2-The Sinking of
The Devonshire 7.06
3-Company Car 3.07 *
4-Paris & Bond 1.55
5-The Last Goodbye 1.33
6-Hamburg Break In 2.53 *
7-Hamburg Break Out 1.24
8-Doctor Kaufman 2.27
9-*-3-* Send 1.15
10-Back Seat Driver 4.34
11-Underwater Discovery 3.36
12-Helicopter Ride 1.34
13-Bike Chase 6.44 *
14-Bike Shop Fight 2.42
15-Kowloon Bay 2.27
16-Boarding The Stealth 4.38
17-A Tricky Spot For 007 2.48 *
18-All in a Day's Work 5.09 *
19-Exclusive David Arnold
Interview 11.02 *

* Contient des portions du
"James Bond Theme" écrit par M.Norman"

 

Musique  composée par David Arnold


Editeur : Chapter III Records CHA 0125


Album produit par : David Arnold
Monteur de la musique : Dina Eaton
Producteur exécutif : Randy Gerston
Coordination du soundtrack : Amy Rosen
Coordinateur de la production : Vicky Houston


 

 

bottom of page