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Independance Day >  The Score

 

Gigantesque blockbuster hollywoodien de l'été 1996, « Independence Day » a permis à l'allemand Roland Emmerich de nous offrir l'un de ses films les plus impressionnants et aussi l'un des plus mondialement détestés. Curieusement, le film fut pourtant un énorme succès financier au box-office 96 (et aussi l'un des plus gros succès cinématographiques de tous les temps) mais fut massacré par la critique en raison de son ton abrutissant, de ses incohérences en pagaille et de son ton patriotique et son message sur l'impérialisme américain qui semble en avoir agacé plus d'un (en gros : les Etats-Unis sauvent le monde, et comme par hasard : le 4 juillet, lors de leur fête de l'indépendance !). Pourtant, ce serait une erreur de prendre ce film au sérieux, tant Emmerich et son équipe semblent ne pas vraiment s'être pris au sérieux. Signalons d'ailleurs que le réalisateur aurait affirmé au cours d'une interview avoir voulu se moquer du patriotisme américain en faisant ce film, une déclaration plus qu'étrange étant donné l'affirmation sans équivoque du message pro-U.S. du film. « Independence Day » se veut au final comme une sorte de « War of the Worlds » revu et corrigé à la sauce Emmerich - associé ici avec son grand complice Dean Devlin à la production - L'histoire démarre aux Etats-Unis, le 2 juillet. Un satellite du SETI capte alors des ondes émises par un gigantesque OVNI immobilisé en orbite terrestre. Pour le moment, l'information reste classée secret défense par le Pentagone. Peu de temps après, l'OVNI se sépare en plusieurs vaisseaux qui rentrent alors dans l'atmosphère et prennent position au-dessus des plus grandes villes du monde. C'est la panique alors que le Président américain Thomas Whitmore (Bill Pullman) et les membres de la Maison Blanche n'ont pas encore réussis à se mettre d'accord sur la procédure à suivre. Au même moment, l'analyste David Levinson (Jeff Goldblum) étudie le signal extraterrestre et comprend qu'il s'agit en réalité d'un compte à rebours. David réussit alors à en informer le président, qui ordonne finalement à la population d'évacuer la plupart des grandes villes des Etats-Unis, mais il est trop tard : les vaisseaux extraterrestres abattent alors un puissant rayon qui détruit instantanément toutes les grandes villes du pays, causant la mort de nombreuses personnes un peu partout dans le monde. Le lendemain, tout n'est plus que ruines et désolation. Après avoir perdu sa femme, le Président Whitmore décide alors d'organiser la contre-attaque et de livrer la bataille finale contre les extraterrestres. Réalisé avec un budget somme toute très modeste pour une production de ce genre (75 millions de dollars), « Independence Day » est un pur divertissement hollywoodien mélangeant action, science-fiction et film catastrophe avec un plaisir rare. Le film est tourné à la façon d'un grand dessin animé avec les gentils d'un côté et les méchants de l'autre : ici, pas la moindre trace de psychologie ou d'ambigüité, les gentils humains affrontent les méchants extraterrestres, un spectacle parfois très puéril mais incroyablement fun. Ainsi donc, « Independence Day » (aussi baptisé ID4) nous offre quelques séquences assez mémorables comme la poursuite en avion dans le grand canyon, la destruction - anthologique - de la Maison Blanche, celle du grand immeuble, la scène dans la Zone 51 ou bien encore la séquence du virus informatique (totalement incohérente !) ou de l'attaque finale du vaisseau mère. Action, effets spéciaux, émotions, patriotisme U.S. caricatural et humour à tous les étages, tels sont les ingrédients de cet énorme divertissement pop-corn jouissif à souhait !

Le jeune compositeur britannique David Arnold retrouve avec « Independence Day » le réalisateur Roland Emmerich deux ans après sa partition colossale pour « Stargate » qui lui permit de se voir ouvrir les portes d'Hollywood en 1994. Arnold avait déjà réaffirmé la grandeur du style hollywoodien inspiré du Golden Age avec « Stargate ». Mais ce genre musical n'a jamais autant brillé que dans « Independence Day » : des grands thèmes, une musique incroyablement énergique et survitaminée, parfois plus lyrique et émouvante, variant les ambiances à loisir, en bref, une grande aventure symphonique. La partition de ID4 est bâtie autour d'un thème principal qui reste bien évidemment associé dans le film à l'indépendance, thème solennel et patriotique, entendu dans la plupart des grands moments du film, et notamment dans l'excellent « International Code », marche triomphante et accrocheuse dans laquelle interviennent les choeurs pour la scène où les américains découvrent la manière de détruire les OVNI et font circuler l'information un peu partout dans le monde en utilisant un langage codé. « International Code » possède cette force, cette puissance martiale communicative, avec ses orchestrations imitant le son des fanfares hollywoodiennes, mais avec ici une énergie toute particulière, l'espoir de la survie de l'humanité et d'un très fort sentiment d'optimisme militaire. Ce thème de l'indépendance représente aussi la solidarité qui unit les terriens, à travers l'idée d'un combat d'ordre mondial, dans lequel toutes les races du monde seront réunies pour affronter ensemble un ennemi commun. Le vibrant et solennel « The President's Speech » reprend d'ailleurs cette idée exposée ici avec une émotion rare pour la séquence du speech du Président Whitmore avant le début de la contre-attaque finale (autre morceau incontournable de la partition de ID4 !).

Le second thème du score de David Arnold s'oriente davantage vers un style plus pop-corn culture, faisant référence à John Williams, une chevauchée héroïque confiée la plupart du temps aux cuivres, et plus particulièrement aux cors et aux trombones. Bien sûr, on peut penser à John Williams pour son aspect fanfare héroïque très américaine d'esprit, mais la comparaison s'arrête là. David Arnold ne copie absolument pas le style de John Williams. Bien au contraire, il fait preuve d'une certaine personnalité et d'un très grand savoir-faire dans sa façon d'écrire pour l'orchestre. A ce sujet, les orchestrations de la musique de ID4 s'avèrent être réellement fascinantes (assurées par l'orchestrateur habituel de David Arnold, Nicholas Dodd), fourmillant d'une multitude de détails qui rendent la partition extrêmement riche et sophistiquée à l'écran. David Arnold fait dans le massif, certes, mais sans jamais tomber dans le cacophonique ! Bien au contraire, sa musique est écrite à la manière des grands maîtres d'antan, avec une écriture orchestrale très soutenue, riche, étoffée et pleine de détails, une réussite exemplaire dans son genre. Pour en revenir à ce second thème héroïque, il illustre dans le film les exploits des aviateurs et leur combat épique contre les aliens, une musique incroyablement accrocheuse et délicieusement héroïque, qui donne véritablement envie d'hurler de triomphe en levant le poing vers le ciel, une musique résolument optimiste et triomphante, un pur régal ! Ainsi, « The Day We Fight Back » illustre la longue bataille finale des aviateurs contre les OVNI de la terre. En l'espace de quelques minutes, David Arnold arrive à suggérer clairement tous les enjeux de cette bataille, une musique épique et incroyablement spectaculaire dont le ton progresse lentement d'un côté plutôt sombre, dramatique et militaire à un climax surpuissant, excitant et grandiose, aboutissant au superbe thème triomphant des aviateurs qui emporte tout sur son passage pour la séquence où l'aviateur soul (Randy Quaid) fonce tête baissée avec son avion de chasse dans le coeur même de l'OVNI : une musique incroyablement massive, maîtrisée et spectaculaire de bout en bout, un fun incroyable, un grand moment de musique de film, tout simplement !

Le troisième thème de la partition de ID4 n'est autre que le traditionnel Love Theme de rigueur, associé dans le film à la romance entre le capitaine Steven Hiller (Will Smith) et sa future femme Jasmine (Vicia A. Fox), thème romantique et délicat, entendu dans « Canceled Leave ». Quand aux envahisseurs extraterrestres, ils possèdent à leur tour deux thèmes : un motif entendu lors de l'arrivée des OVNI sur terre, thème ascendant de cuivres sombre et menaçant, et un second thème de 6 notes de cuivres menaçants associés aux extraterrestres. Le thème des vaisseaux extraterrestres explose dans le très grandiose et massif « The Darkest Day », scène où les OVNI arrivent pour la première fois sur terre après avoir traversé l'atmosphère de la planète.

 

Ce sinistre morceau représente illustre la panique qui s'empare petit à petit de la population, un grand crescendo de terreur qui ne cesse d'enfler au fur et à mesure que les vaisseaux aliens se rapprochent dangereusement de la terre, pour finalement aboutir au thème des OVNI, exposé ici de façon totalement apocalyptique et surpuissante avec des choeurs immenses se mélangeant à l'orchestre pour représenter le côté grandiose et totalement démesuré de l'apparition du vaisseau alien : un autre grand morceau de la partition de ID4 (à noter d'ailleurs les ostinatos rythmiques martiaux empruntés à l'incontournable « Mars » des « Planètes » de Holst) ! Les extra-terrestres possèdent quand à eux un thème bien spécifique, aussi inquiétant et menaçant que celui des vaisseaux, thème de 6 notes de cuivres entendu dans la plupart des gros morceaux d'action du score.

C'est d'ailleurs dans les morceaux d'action que David Arnold brille le plus, avec des orchestrations toujours aussi massives, riches et réussies, une écriture brillante, virtuose et maîtrisée, dans laquelle l'orchestre semble toujours se défoncer un maximum : autant dire que le compositeur a sorti l'artillerie lourde pour les besoins du film, avec en particulier quelques déchaînements orchestraux monumentaux comme l'excitant « Base Attack » ou le spectaculaire et sombre « Evacuation », séquence illustrant l'évacuation de la population peu avant le tir destructeur des vaisseaux aliens. Tout comme le film, la musique suit ici l'évolution en trois parties : l'arrivée des OVNI, la défaite des humains et la contre-attaque finale.

La partie associée musicalement à la défaite humaine est suggérée par une musique plus tragique et élégiaque reflétant le sentiment de désolation et de mort, faisant intervenir les choeurs pour représenter le chaos qui s'est violemment abattu sur l'humanité, avec des morceaux plus poignants et émouvants comme « Aftermath » et « El Toro Destroyed ». Bizarrement, David Arnold semble d'ailleurs moins à l'aise dans les passages plus lyriques et humains, qui n'atteignent jamais le brio de ses déchaînements orchestraux massifs et martiaux : le compositeur anglais serait-il plus à l'aise dans les grands élans symphoniques épiques que dans le lyrisme plus chaleureux et introspectif ?


Enfin, on ne pourra pas terminer cette critique sans évoquer le somptueux et colossal « End Titles », véritable festival symphonique fédérateur réunissant les grands thèmes de la partition de David Arnold, avec son ouverture héroïque et victorieuse sur le thème des aviateurs, enchaînant avec le magnifique thème solennel et poignant de l'indépendance, exposé ici de façon noble et vibrante. Viennent ensuite le thème romantique, ceux des extra-terrestres, et le final du morceau reprenant de manière plus grandiose et triomphante le thème de l'indépendance et des aviateurs pour conclure le générique de fin sur une coda grandiose, unissant choeurs et orchestre dans un véritable bouquet triomphant digne d'un accompagnement musical d'un feu d'artifice du 14 Juillet (ou plutôt du 4 juillet !), une musique quasi cérémoniale absolument grandiose et majestueuse, pleine d'optimisme et d'espoir ! Courage, force, détermination, héroïsme, autant de sentiments et d'idées qui nous viennent immédiatement à l'esprit à l'écoute de cette somptueuse musique de film.

 

« Independence Day » est un premier aboutissement fort dans la carrière encore balbutiante du jeune David Arnold, une oeuvre symphonique à l'ancienne étonnamment maîtrisée, d'une virtuosité rare, marquant ainsi le retour du grand style symphonique d'antan, très pop-corn culture. La musique apporte un lot incroyable d'émotions au film de Roland Emmerich et personnifie à merveille cette gigantesque bataille épique entre les hommes et les extraterrestres pour la survie du monde. Pour un film d'une telle envergure, on ne pouvait rêver mieux ! Mission accomplie pour le jeune compositeur britannique David Arnold, avec une musique surpuissante et inoubliable qui rappelle cette phrase-clé du film : « Le jour où le monde a déclaré d'une seule voix : nous n'entrerons pas dans la tyrannie sans combattre ! »

 

Analyse du Score > Quentin Billard

 

 

Tracks listing

 

1969 : We Came In Peace (2:01)
S.E.T.I. - Radio Signal (1:53)
Mysto Bridge*/Satellite Collision*/ Destroyers Disengage*/Russell Casse - Pilot* (2:17)
First Sighting*/AWAC Attack* (2:18)
The Darkest Day (4:14)
Moving Day*/Countdown* (2:12)
Cancelled Leave (1:46)
Commence Lift-off*/Parabolic Indenwhat?* (1:17)
Evacuation (5:48)
Firestorm (1:24)
Aftermath (3:36)
Base Attack (6:11)
Marilyn Found* (1:29)
Area 51*/The Big Tamale*/

       Formaldehyde Freak Show* (4:12)
El Toro Destroyed (1:31)
Slimey Wakes Up* (5:24)
Target Remains*/Rescue* (5:56)
The Death of Marilyn*/Dad’s A Genius* (3:34)
Alien Ship Powers Up* (1:46)
International Code (1:32)
Wedding* (1:50)
The President’s Speech (3:11)

 

DISC TWO

Just In Case*/Attacker Fires Up* (3:10)
The Launch Tunnel*/Mutha Ship*/Virus Uploaded* (8:27)
Hide!*/Russell’s Packin’ (The Day We Fight Back)* (4:44)
4. He Did It* (1:33)
Jolly Roger (3:17)
Victory* (3:40)
End Credits (9:07)

 

BONUS TRACKS

1969: We Came In Peace - Alt.* (2:11)
Destroyers Disengage (No Choir)* (0:34)
Cancelled Leave - Alt.* (1:43)
Commence Lift-off - Alt.* (0:55)
Base Attack (Segment - Film Version)* (2:27)
Marilyn Found (No Choir)* (1:28)
Target Remains/Rescue - Alt.* (2:40)
Dad’s A Genius - Alt.* (0:45)
Attacker Fires Up (Original Version - No Choir)* (2:01)
Virus Uploaded - Alt.* (2:35)
The Day We Fight Back (Original Version) (5:48)
Jolly Roger - Alt.* (3:22)
End Credits (Segment, No Choir)* (2:47)
Total Time - Disc Two: 63:34
Total playing time
Disc One and Disc Two: 129:05
* - Previously Unreleased Track
Original Film Score Published by Fox Film Music Corp. (BMI)

 

 

 

Musique  composée par David Arnold


Editeur : INDEPENDENCE DAY: LIMITED EDITION (2CD-SET) - LLLCD 1113

 

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