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Changing lane > The score

 

Réalisé en 2002 par Roger Michell (réalisateur de « Nothing Hill »), « Changing Lanes » (Dérapages Incontrôlés) met en scène Ben Affleck et Samuel L. Jackson dans un drame humain qui, derrière ses côtés thrillers hollywoodiens conventionnels, cache en fait une histoire plus tragique et poignante. C'est l'histoire de deux hommes qui ne se connaissent pas. Le premier s'appelle Gavin Banek (Ben Affleck) et travaille dans un prestigieux cabinet d'avocat de New York. Il est attendu pour un rendez-vous important au Tribunal pour une affaire de détournement de fons sur laquelle il risque sa carrière. Le second s'appelle Doyle Gipson (Samuel L. Jackson). C'est un père de famille récemment divorcé qui cherche à obtenir la garde de ses enfants, et qui doit lui aussi se rendre au Tribunal. Les deux individus prennent alors tous deux la route mais leurs voitures respectives rentrent alors en collision sur le périphérique. Gavin, pressé, n'a pas le temps de signer un constat avec Doyle et préfère régler le problème directement en lui laissant un chèque en blanc. Mais Gipson refuse. Banek décide alors de reprendre la route en laissant Doyle à son sort - violant la loi par la même occasion, puisqu'il est obligatoire pour toute personne ayant commis un accident de la route de signer un constat avec le principal intéressé. Arrivé au tribunal, Gavin se rend compte qu'il lui manque un précieux dossier pour régler l'affaire, un dossier qu'il a oublié sur le lieu de l'accident mais dont s'est emparé Doyle. Après un retard de 20 minutes, ce dernier arrive alors trop tard au tribunal : le juge a déjà tranché, Doyle Gipson perd finalement la garde de ses enfants. Quand à l'avocat newyorkais, il doit impérativement retrouver d'urgence le précieux dossier avant la fin de la journée. Gavin va alors tenter de retrouver Doyle pour essayer de le convaincre de lui rendre le fameux dossier qui est toujours en sa possession. Mais Doyle, furieux d'avoir perdu son procès à cause de l'accident sur la route, décide de se venger de Gavin pour les 20 précieuses minutes qu'il lui a fait perdre, et qui auraient pu l'aider à sauver sa famille.

« Changing Lanes » débute donc à la manière d'un thriller conventionnel mais continue en réalité sur un drame psychologique et humain plus profond. Pour son premier film hollywoodien, Le réalisateur anglais Roger Michell évoque ici la problématique de la causalité, ou comment un événement anodin (un banal accrochage sur la route) peut détruire l'existence de deux hommes à la suite d'une succession de déconvenues qui finissent par dégénérer. Ces deux hommes ordinaires, frappés simultanément par un coup du hasard fort malchanceux, entameront une longue descente aux enfers car ils n'ont pas été capables de prendre la décision qu'il fallait au bon moment. « Changing Lanes » est aussi un film sur la destinée et les décisions qui peuvent bouleverser une vie ou en sauver une autre. Le film de Roger Michell s'avère donc être particulièrement émouvant, interprété avec brio par Ben Affleck et Samuel L. Jackson, tous deux d'une justesse rare dans ce film, un drame quasi philosophique sur la causalité et la destinée : en clair, une belle surprise !

David Arnold change radicalement de registre avec « Changing Lanes » et délaisse son style symphonique habituel pour nous offrir une musique électronique atmosphérique aux sonorités résolument urbaines. En ce sens, ne vous attendez donc pas à retrouver ici de grandes envolées thématiques à la « Independence Day », « Changing Lanes » nous permet de retrouver la facette plus électro moderne du style musical d'Arnold, un style déjà largement entamé depuis 2000 par des partitions telles que « Shaft » ou « Baby Boy ». Afin de retranscrire l'univers urbain et l'atmosphère psychologique du film, David Arnold a décidé de travailler plus particulièrement autour des synthétiseurs en mélangeant ainsi loops électro, samples divers, sonorités métalliques et percussions échantillonnées pour renforcer la tension dramatique de l'histoire - un style qui n'est pas sans rappeler certaines sonorités de Moby, star incontournable de la scène électro. Premier fait curieux à noter au sujet de l'album publié par Varèse Sarabande : aucune piste du CD ne possède de titre ! Erreur de la part des concepteurs du disque ou choix volontaire (dans quel cas, ce serait tout de même très curieux et inexplicable !). La piste 1 débute avec le morceau d'introduction du film, mélangeant clavier, basse et loops électro alors que l'on voit les voitures circuler en pleine rue de New York. Arnold nous fait clairement rentrer ici d'emblée dans l'univers urbain du film.

La piste 2 permet au compositeur de développer ses différentes sonorités électroniques et ses percussions diverses, faisant intervenir malgré tout quelques cordes pour apporter un peu de chaleur au morceau. Mais c'est avec la piste 3 que la musique devient plus sombre, plus tendue. David Arnold utilise ici des sonorités électroniques plus denses et des cordes plus dramatiques pour évoquer les conséquences de l'accrochage de Gavin et Doyle au début du film. On notera d'ailleurs que le compositeur a choisi - peut être à tort - d'évacuer toute structure thématique dans sa musique, nous offrant ainsi un exemple rare de partition athématique qui préfère opter pour une approche 100% atmosphère particulièrement fonctionnelle dans le film. Les sonorités brumeuses et inquiétantes des synthétiseurs de la piste 5 renforcent la partie thriller du film, mais laissent aussi deviner le drame humain qui se cache derrière la tension très palpable à l'écran. Effectivement, si certains morceaux comme la piste 8, la piste 9 ou la piste 10 basculent dans un style électronique atonal et abstrait (avec des sonorités synthétiques/techno assez expérimentales par endroit), un morceau comme la piste 11 ramène un peu de calme dans la partition et tempère les rythmes entêtants des loops électro des premiers morceaux. La piste 11 évoque alors la colère et la frustration des deux protagonistes principaux du film, une idée que l'on retrouve dans la piste 12 et ses nappes synthétiques quasi mélancoliques et tourmentées. On pense parfois ici au style plus anti-conventionnel de Thomas Newman, un compositeur cité fréquemment dans les critiques de la musique du « Changing Lanes » de David Arnold.

La piste 15 développe cette ambiance mélancolique et solitaire pour évoquer les tourments des deux hommes, un morceau plus touchant dans le film, qui conserve un côté résolument minimaliste et peu conventionnel pour la musique d'une production hollywoodienne de ce genre. Le compositeur se montre assez inventif dans l'utilisation de ses samples électro de la piste 16 ou la piste 17. La piste 16 s'impose d'ailleurs ici par sa ligne de basse et ses loops électro/techno survoltés sur fond de cordes - certaines sonorités ressemblant parfois ici à des klaxons de voiture qui renforcent l'inspiration urbaine de la musique du film. Mais c'est la piste 19 qui nous permet de retrouver l'ambiance intime et mélancolique de la piste 15 avec ses nappes sonores sombres et amères, une idée qui aboutira surtout dans un morceau bien plus poignant et dramatique, la piste 23. Quand à la piste 25, elle permet au compositeur de mettre les cordes en avant pour une conclusion plus humaine et émouvante.

David Arnold nous offre donc un score atmosphérique et électronique assez dense, mais qui, en écoute isolée, échoue à susciter la moindre émotion (en dehors des morceaux plus intimes vers la fin du film) ou le moindre intérêt. La musique d'Arnold nous permet d'entendre ici un style électro/techno plus expérimental et industriel, mais sans grande saveur. Certes, le compositeur manipule brillamment ses différentes sonorités de façon parfois très abstraite, mais l'absence d'un thème - et l'absence de titre sur l'album - empêche réellement à la musique de s'épanouir et de dépasser son simple statut de musique purement fonctionnelle. David Arnold remplit donc parfaitement le cahier des charges et offre une musique électronique sombre et rythmée au film de Roger Michell, mais une musique sans grande saveur et peu inspirée, qui ne laissera pas un souvenir impérissable !

 

Analyse du Score > Quentin Billard

 

 

Track Listing 

 

1-Changing Lanes 2.11
2-Changing Lanes 1.07
3-Changing Lanes 2.20
4-Changing Lanes 1.24
5-Changing Lanes 0.50
6-Changing Lanes 1.16
7-Changing Lanes 1.06
8-Changing Lanes 1.23
9-Changing Lanes 0.15
10-Changing Lanes 0.57
11-Changing Lanes 1.36
12-Changing Lanes 0.41
13-Changing Lanes 1.13
14-Changing Lanes 1.13
15-Changing Lanes 0.41
16-Changing Lanes 1.27
17-Changing Lanes 0.45
18-Changing Lanes 1.46
19-Changing Lanes 1.35
20-Changing Lanes 3.42
21-Changing Lanes 1.01
22-Changing Lanes 1.10
23-Changing Lanes 2.23
24-Changing Lanes 0.57
25-Changing Lanes 2.25
26-Changing Lanes 4.21


Musique composée par David Arnold

 

Varèse Sarabande VSD-6353


Producteur exécutif album by Robert Townson
Album produit par David Arnold
Producteur associé : Rob Playford


 

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